World Tour Paris 2024 : l’avenir de l’IA générative selon Mistral AI, Accor, Adecco et McKinsey

Depuis son irruption tonitruante dans l’actualité, l’intelligence artificielle générative déchaîne les passions. Si tous les dirigeants reconnaissent son potentiel immense en matière d’automatisation des tâches et de production de contenus, beaucoup demeurent indécis quant à la meilleure façon de se l’approprier. Pour y voir plus clair, retour sur la table ronde « IA, l’ère de l’entreprise augmentée ? » organisée lors de l’étape parisienne du Salesforce World Tour 2024.

L’une des grandes différences entre l’IA générative et les précédentes révolutions technologiques réside dans la fulgurance de son adoption. « Un mois après son lancement, un tiers des entreprises lançaient leurs premiers pilotes », déclare Gloria Macias en s’appuyant sur l’étude The State of AI 2023 du cabinet McKinsey. Et 60 % des entreprises leaders dans le domaine de l’IA traditionnelle utilisaient déjà l’IA générative sur au moins une fonction en 2023

Parmi les secteurs d’activité les plus avancés se trouvent : le retail, la distribution et les services financiers qui manipulent au quotidien de grands volumes de données. 

Le développement de solutions portées par l’IA générative connaît lui aussi un essor exponentiel. La start-up française Mistral AI, l’un des leaders mondiaux dans le domaine des LLM (grands modèles de langage), a été fondée… en avril 2023 ! Et Hugging Face, qui rassemble une communauté de développeurs et autres ingénieurs data, propose pas moins de 544 000 LLM en open source sur sa plateforme, contre seulement 60 000 il y a deux ans. De quoi donner le tournis !

Malgré sa jeunesse, l’IA générative a déjà démontré sa capacité à simplifier un grand nombre de tâches. On peut retenir cinq domaines où son déploiement améliore l’efficacité des entreprises : le marketing avec la création automatique de supports de communication adaptés à la cible (contenus et tone of voice), le service client via des assistants connectés à la documentation interne, l’expérience client grâce à la mise à disposition de chatbots « intelligents » (réponses à des questions, recommandations…), ou encore le développement informatique (génération de code et de tests…). 

Selon Arthur Mensch, même les plus petites entreprises ont la capacité d’intégrer facilement des modules d’IA générative, à coût maîtrisé. C’est d’ailleurs ce à quoi la jeune start-up s’emploie, notamment avec son robot conversationnel Le Chat, lancé en 2024. 

Une conviction partagée par Bassem Asseh, Head of Sales chez Hugging Face : « Notre mission est de démocratiser l’IA avec toute notre communauté de développeurs. Nous allons maintenant aider les entreprises à adopter ces modèles et les accompagner dans leurs projets futurs. »

Le potentiel de l’IA générative semble phénoménal. Cependant, difficile de savoir ce qui va se passer dans un mois ! Ne pas foncer tête baissée dans l’IA semble être la voie de la raison. Ce que confirme Alix Boulnois Chief Digital Officer chez Accor : « Cela ne doit pas être le Far West, où chacun teste n’importe quoi, manipulant la donnée pour des raisons de coût et aussi de compliance… Il faut un cadre et il faut aussi pouvoir embarquer un grand nombre d’utilisateurs pour tester des solutions, identifier les cas d’usage à haut potentiel et les mettre à l’échelle. » L’ouverture, oui. Mais maîtrisée ! Cela implique de bien définir le besoin en amont, de le qualifier et de construire un projet d’IA qui va y répondre avec des indicateurs de suivi et un ROI accepté par tous. Le danger ? Faire de l’innovation pour l’innovation. Tout doit partir d’un cas d’usage…

Autre nécessité : envisager l’IA comme un vecteur de progrès, dans le droit fil de la stratégie RSE des entreprises. « Nous avons notamment déployé une solution qui a permis de réduire de 30 à 40 % le gaspillage alimentaire dans les restaurants participant à cette opération », souligne Alix Boulnois.

Tout bouleversement technologique est accompagné de son lot d’inquiétudes : la robotique, l’arrivée du web ou de la téléphonie mobile ont, en leur temps, réveillé les oiseaux de mauvais augure annonçant la destruction des emplois. L’intelligence artificielle, et l’IA générative en particulier, doivent être appréhendées comme des aides, comme des innovations au service des équipes et de leur productivité. C’est le point de vue partagé par Pierre Matuchet (Adecco) qui cite en exemple un puissant outil créé grâce à l’IA générative : CV Maker. « Cette application permet à des personnes éloignées de l’emploi de générer un CV écrit, en expliquant à l’oral leur parcours professionnel. »

Déployé en France puis à l’international, cet outil a connu un développement particulier en Allemagne, où les réfugiés ukrainiens ont pu l’utiliser pour concevoir et traduire leur CV dans la langue de Goethe. Un véritable levier d’intégration, rendu possible grâce à l’IA générative. 

Pour Pierre Matuchet, l’humilité reste cependant de rigueur : « Il faut rester vigilant et veiller à ne pas se couper de certaines options de développement, à ne pas se mettre en situation de dépendance vis-à-vis d’un fournisseur de solution. Il faut également rester scalable, se mettre en conformité avec le RGPD … Et surtout éviter les mauvaises décisions ! »